Prise de parole à l’occasion de la manifestation nationale féministe du 23.11.2024
Nous sommes ensemble
Nous sommes réuni-e-x s aujourd’hui pour lancer la campagne des « 16 jours contre la violence basée sur le genre ».
Nous sommes réuni-e-x-s aujourd’hui, quelques jours avant cette date symbolique du 25 novembre, pour, ENSEMBLE, hurler notre rage. Pour, ENSEMBLE, crier notre colère et notre dégoût. Pour, ENSEMBLE, nous soutenir dans nos tristesses et dans nos souffrances.
ENSEMBLE, nous exprimons notre colère et notre dégoût face à un système patriarcal qui ne compte plus ses victimes. Face à l’impunité et à l’indécence des agresseurs. Face à la silenciation des victimes et à la remise en cause systématique de leur parole. Face aux médias qui continuent d’alimenter l’imaginaire collectif avec des clichés et un vocabulaire inadéquat. Face à l’inaction de l’Etat et à la complicité de la justice qui normalisent et banalisent les violences que nous subissons.
En Suisse, plus d’une femme sur cinq a déjà subi des actes sexuels contre son gré et plus d’une femme sur 10 a déjà eu un rapport sexuel sans son consentement1.
En Suisse, et même s’il n’existe pas d’étude nationale sur le sujet, on estime que 2 à 3 enfants par classe seraient victimes de violences incestuelles2.
En Suisse, toutes les deux à trois semaines, une femme est tuée par son mari, son partenaire, son ex-partenaire, son frère ou son fils, parfois un inconnu. Le Bureau fédéral de l’égalité rapporte que chaque semaine une femme survit à une tentative de féminicide3.
Ces chiffres sont terrifiants…ils sont pourtant encore bien en dessous de la réalité. Combien de personnes poussées au suicide dont on ne parle pas ? Combien de victime-x-s silencié-e-x-s, invisibilisé-e-x-s ? Et rappelons également que les statistiques sur les violences ne prennent pas en compte celles qui sont subies par les personnes transgenres et non-binaires.
Pour les personnes sans statut légal en Suisse, victimes de violences sexuelles, comme conjugales, c’est la double peine. Celle de la violence subie et celle du risque d’expulsion en cas de dépôt de plainte. La peur du renvoi est telle qu’elle dissuade ces personnes de porter plainte. Nous demandons le respect d’un droit fondamental, celui de l’accès à la justice pour toutes les victimes quel que soit leur statut.
Honte à cette police raciste et complice des agresseurs !
Parce qu’elles ne peuvent pas faire confiance à la police ou encore parce qu’elles pensent que leur parole ne serait pas crue ou que leur démarche n’aboutirait pas, seules 10% des victimes signalent une agression sexiste et sexuelle à la police4. Combien de temps encore ce mépris de la justice à l’égard des personnes victimes va-t-il durer ?
Aujourd’hui, il n’est plus temps de demander et de négocier.
Il est temps d’exiger et d’obtenir.
Il est temps d’exiger et d’obtenir des prises de conscience immédiates et des engagements durables de la part de nos institutions.
Il est temps d’exiger et d’obtenir que les violences sexistes et sexuelles soient considérées comme un problème majeur de santé publique et que la lutte contre ces violences devienne une priorité politique nationale.
Il est temps d’exiger et d’obtenir pour TOUXTES une garantie d’accès gratuit aux consultations d’aide ainsi qu’une prise en charge féministe qui prend en considération les vécus et les expériences spécifiques des personnes et ce particulièrement pour les personnes LGBTQIA+, les personnes en situation de handicap, les personnes défavorablement racisées, les personnes sans statut légal, les travailleureuses du sexe,…
Il est temps d’exiger et d’obtenir la fin immédiate de toutes les violences patriarcales !
Rappelons-nous que la déferlante féministe c’est nous !
Rappelons-nous que ce à quoi nous assistons aujourd’hui sont les derniers jours d’un patriarcat moribond qui tremble devant notre puissance, alors ne faiblissons pas et ne desserrons pas notre étreinte car oui nous arriverons à le mettre définitivement à terre.
Nous sommes survivante-x-s, victime-x-s, nous sommes fort-e-x-s, en état de souffrance extrême, nous sommes épuisé-e-x-s, dressée-x-s grâce à la colère qui gronde en nous…mais prenons un instant pour regarder autour de nous, prenons un instant pour penser à touxtes les victimes de violences sexistes et sexuelles, à celles qui ont parlé et à celles qui ne le peuvent pas, à celles qui sont là aujourd’hui et à celles qui ne le sont pas….
(pause)
Nous sommes ENSEMBLE !
Chacun de nos pas qui battront tout à l’heure le bitume, chacun de nos cris de rage qui résonneront dans les rues, chacune de nos pancartes qui se dresseront fièrement dans le ciel seront autant d’uppercuts dans la figure des masculinistes, des fachistes, des agresseurs. Dans la figure de tous ceux qui remettent systématiquement nos paroles et nos vécus en question. Dans la figure de tous ceux qui détournent nos slogans. Dans la figure de tous ceux qui menacent encore et toujours nos droits et nos vies. Dans la figure de tous ceux qui font le choix de ne pas entendre pas nos « nons » répétés et qui pensent que nos corps sont à leur disposition.
PAS UN VIOL DE PLUS, PAS UNE MORTE DE PLUS !