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Prise de parole à l’occasion de la manifestation du 8 mars 2024 organisée par le collectif de la Grève féministe Genève

En Suisse, une femme sur cinq a subi des actes sexuels non consentis à l’âge adulte.

On estime que cela représenterait 800’000 personnes, soit la population de la ville de Zürich! 

Face à la société patriarcale, seule une femme sur 10 ose dénoncer son agression!

Également, on estime qu’1 à 2 enfants par classe vit de l’inceste! 

En 2023, on dénombre 24 féminicides et 4 tentatives de féminicides en Suisse, c’est un féminicide toutes les 2 semaines! 

A Genève, la police reçoit 2 appels par jour pour des violences domestiques.

Ces chiffres sont pourtant encore bien en dessous de la réalité. Combien de personnes poussé-e-x-s au suicide dont on ne parle pas? Combien de victimes silenciées, invisibilisées? Rappelons que les statistiques sur les violences ne prennent pas en compte les violences subies par les personnes transgenres et non-binaires.

Lorsqu’on parle des violences sexistes et sexuelles, dans les médias, dans les discours, dans les études scientifiques, partout où nous voulons rendre visibles les violences patriarcales, on cite toujours ces chiffres, on les répète, encore et encore. Et rien ne change. Ce sont des chiffres terribles, des chiffres accablants, comme pour prouver notre souffrance. 

Mais nous ne sommes pas des chiffres, chacun-e-x d’entre nous est inestimable, irremplaçable! 

Une seule victime de viol, c’est une victime de trop! 

Un seul enfant victime d’inceste, c’est une victime de trop! 

Une seule victime de féminicide, c’est une morte de trop!

En tant que société nous avons échoué à les protéger. 

Où est la justice?

Où est la prise de responsabilité des institutions?

Car quand la parole se libère, beaucoup font face à des violences institutionnelles supplémentaires: on ne nous croit souvent pas, on minimise les faits, on nous demande ce qu’on portait ce jour-là, si on n’a pas un peu provoqué, on exige de nous de maintenir les liens de l’enfant avec le père violent, on nous traite de menteuses et d’hystériques, on nous psychiatrise en nous accusant d’être des mères aliénantes,…

Tous ces mécanismes de silenciation sont structurels et participent à maintenir la culture du viol et la domination patriarcale.   

Aujourd’hui sur cette place, l’expression « puissance féministe » n’est pas vaine.

Regardons tout autour de nous: aujourd’hui sur cette place, nous sommes debout, nous sommes vivant-e-x-s, nous sommes uni-e-x-s.

D’autres ne sont plus parmi nous. Arraché-e-x-s à la vie et à nos communautés par des violeurs et des assassins.

A cette idée, nos cœurs se serrent mais nous nous tenons droit-e-x-s, ensemble, car notre force est immense. Notre rage et notre tristesse n’ont d’égal que notre détermination.

Alors, je m’adresse aux violeurs, aux maris violents, aux machos, aux abuseurs, aux assassins, aux soi-disant «bon pères de famille», à tous ceux qui s’accrochent à leurs privilèges et à leur sentiment d’impunité.

Tremblez ! Vous ne nous faîtes plus peur !

Nous sommes la puissance féministe!

Organisons-nous, partout, ripostons dès que nous le pouvons.

Nous sommes la puissance féministe!

Contre les machos et contre les fachos: ALERTA ALERTA ALERTA FEMINISTA! 

*** LACEMENT DES 11 MINUTES DE BRUIT***

En novembre 2023, le Tribunal Fédéral a rendu une décision scandaleuse, qui montre une fois encore que les institutions ne protègent pas les femmes et les minorités de genre. Dans une indifférence médiatique totale, le Tribunal Fédéral a estimé qu’un « viol de courte durée » (c’est à dire 11 minutes) justifiait une réduction de peine. Une peine plus courte pour un viol qu’ils osent nommer « court ». Honte au Tribunal Fédéral ! Tribunal patriarcal !

Après le décompte, nous allons hurler notre colère et faire 11 min de bruit. 

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