Prise de parole à l’occasion de la marche féministe du 8 mars 2025
Nous prenons la parole aujourd’hui car le langage est important. Les mots nous permettent de définir nos utopies et les termes de nos luttes. Ils permettent de rendre visibles et dénoncer les violences qui nous oppressent ainsi que les structures qui les légitiment.
Nos ennemis politiques l’ont bien compris. En effet, les masculinistes et les réactionnaires s’attaquent au langage en déformant les discours et les gestes, allant jusqu’à inverser leurs significations.
Ce sont des stratégies pour délégitimer les discours de résistances et saboter les luttes de libération.
Je vais vous donner un exemple, bien genevois : récemment, un projet de loi et une motion ont été adressés au Grand Conseil attaquant l’éducation sexuelle et affective dans les écoles, sous prétexte que cela *JE CITE* pervertirait les enfants et que la prévention contre les agressions sexuelles serait discriminatoire.
Alors posons les bonnes questions :
– Comment la prévention contre les violences sexuelles pourrait être discriminatoire ?
– Qui cherche-t-on à protéger si ce ne sont les auteurs de ces violences et le système patriarcal qui les légitiment ?
Faut-il rappeler que la majorité des violences sexuelles ont lieu dans le cadre domestique et qu’un à deux enfants par classe subissent de l’inceste ?
Heureusement, ces deux projets ont été refusés par le Grand Conseil genevois. Mais on s’étonne qu’une place démesurée soit accordée aux discours dangereux et haineux d’un groupuscule réactionnaire.
Nous dénonçons ces campagnes de désinformation et les relais politiques qui soufflent sur les braises de la haine contre les femmes, contre les personnes queer et contre toutes les personnes victimes de violences sexistes et sexuelles.
Nous nous inquiétons également de l’ingérence des politiques dans les cursus scolaires. Ainsi, dans les cours d’éducation sexuelle et affective un outil pédagogique intitulé «La licorne du genre» qui permet d’expliquer les différences et les enjeux entre orientation affective, expression de genre et identité de genre a été interdite.
On parle donc bien d’une IMAGE D’une LICORNE désormais interdite à l’école.
Cet exemple pourrait prêter sourire s’il n’était un rappel que la censure contribue à paver le chemin vers la brutalisation et l’avènement de gouvernements fascistes.
Il est essentiel que l’éducation sexuelle et affective ait une place à l’école. C’est pourquoi l’association Viol-Secours réaffirme son engagement pour un droit à l’éducation sexuelle et affective, positive et inclusive, dispensée à l’école publique par des professionnel-le-x-s formé-e-x-s.
Défendons les droits de tou-x-te-s, en particulier des jeunes trans*, non-binaires, gay, lesbiennes, bi et intersexes, Défendons les droits des personnes queer!
Car si ce sont elle-ux qui subissent en premier les conséquences de ces attaques de plus en plus fréquentes et virulentes, ne perdons pas de vue que nous sommes tou-x-t-es concerné-e-x-s.
Si aujourd’hui le droit à l’éducation est menacé, c’est aussi l’accès à l’avortement et à la contraception qui sont remis en cause. Demain ce seront les droits syndicaux, les congés, l’égalité et, finalement, la démocratie.
Plus que jamais mobilisons-nous ensemble et partout contre ce déferlement de haine et de mépris qui, ailleurs, a déjà amené le fascisme au pouvoir.